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Sénégal- Manifestation monstre de l’opposition, annoncée mercredi 29 juin

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Toujours en direction des élections législatives de juillet prochain, les leaders de l’inter-coalition Yewwi Askan Wi- Wallu, qui revendiquent le droit de manifester pacifiquement, seront de nouveaux dans les rues le 29 juin 2022, pour protester contre tout un ensemble de griefs, dont la détention de plus de 200 manifestants, du mandataire de Yewwi et non moins député, Déthié Fall, maire de Guédiawaye, Ahmed Aïdara, de la députée Mam Diarra Fam, et de l’activiste Guy Marius Sagna, mais aussi la mort de 3 manifestants dont 2 tués par balles.  

Daouda MBaye 

Au Sénégal, le régime du gouvernement du président Macky Sall continue de refuser à l’opposition le droit de manifester.  Après deux manifestations aux fortunes différenciées, une troisième est annoncée le 29 juin 2022 à Dakar, au sud, au nord… dans les quartiers, communes et départements du pays.  A l’appel à la résistance ce lundi 20 juin 2022 par les leaders de l’inter-coalition Yewwi Askan Wi- Wallu, s’ajoute une annonce de plaintes auprès du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme aux Nations Unies, dirigé par Michèle Bachelet et auprès de la Cedeao, dont la Charte est sur le point d’exiger la limitation des mandats présidentiels à deux. Ironie de l’histoire, Macky Sall, aujourd’hui, président de la république, alertait hier (1er février 2012) Navi Pillay, Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, portant à son attention les violations flagrantes des droits fondamentaux aux sénégalais… évoquant 5 morts et des dizaines de blessés par les forces de sécurité à Podor et Dakar, lors de manifestations pacifiques contre la validation par le Conseil Constitutionnel (CC) de la candidature illégitime d’Abdoulaye Wade… Il sollicita alors ce Haut-Commissariat « pour interpeler l’Etat du Sénégal pour ses violations du droit à la vie ainsi qu’au Droit inaliénable de tout peuple de s’exprimer librement et à manifester pacifiquement pour le respect de la constitution et de la démocratie. »

Un dialogue rompu

Pour rappel, entre autres décisions, après que le CC ait validé le rapiéçage des listes électorales, refusant la partie relative à la proportionnelle à l’inter-coalition Yewwi Askan Wi- Wallu- le scrutin législatif étant mixte, une partie (nationale) est élue à la proportionnelle, tandis que l’autre (départementale) est uninominale à un tour- acceptant la partie concernant les suppléants, et procédant exactement à l’inverse pour celle de la coalition Benno Bokk Yakaar, au pouvoir,  une première manifestation pacifique, réunissant plus de 400 000 personnes, a eu lieu le mercredi 8 juin à la Place de la Nation à Dakar. A la fin de ce premier rassemblement, la Place a même été nettoyé par la foule. Un succès qui aurait choqué le pouvoir en place, surpris par la force de mobilisation de cette opposition.

Face à l’obstination du CC de maintenir l’irrecevabilité de la liste de cette inter-coalition, cette dernière a récidivé, organisant cette fois-ci une manifestation simultanée, le 17 juin 2022, à Dakar (Place de la Nation) et à Ziguinchor. Si la première avait reçu l’aval des autorités préfectorales, la seconde fut purement et simplement interdite. Pourtant, conformément à l’article 8 de la Constitution du Sénégal, que nous reprenons in extenso (ci-dessous), le droit de manifester pacifiquement est garanti et qu’il suffit juste de déposer une déclaration préalable… Mais très tôt dans la matinée du vendredi 17 juin 2022 vers 05 h, les issues menant aux maisons d’Ousmane Sonko, leader du PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) et député, et de Barthélémy Dias, Maire de Dakar, Tous deux de la coalition Yewwi Askan Wi, ont été bloquées par des blindés, chars et des éléments de la BIP et du GIGN en tenue de combat. A première vue, ces forces de sécurité avaient reçu l’ordre de les empêcher de se rendre à la manifestation à la Place de la Nation à Dakar. Sonko a dû sortir parlementer avec un commandant de police pour permettre à son fils, conduit par son épouse, de se rendre en classe. A l’heure de la prière du vendredi, le passage lui a été interdit. Il rebroussa tranquillement chemin.

L’opposition dit non à la démocrature

A Sicap Baobab, quartier où est domicilié le maire de Dakar, il y eut quelques échauffourées devant la maison. Barthélémy Dias s’est adressé aux gendarmes et policiers leur intimant de venir l’arrêter s’ils le désiraient, mais n’accepterait jamais qu’un nervi empiète ou ne viole son domicile. La députée Mam Diarra Fam, venue lui rendre visite sera arrêtée comme une malpropre et gardée à vue. Déthié Fall, mandataire de Yewwi et leader du PRP (Parti républicain pour le progrès), sera alpagué devant le siège de son parti qui se trouve à plus de 10 km du lieu de la manifestation. Même scénario au maire de Guédiawaye, dans la banlieue dakaroise, Ahmed Aïdara. Alors, que tour à tour, ils sont en train d’être déférés devant le procureur. Ces leaders comptent déposer une plainte contre le Procureur Amady Diouf auprès du juge d’instruction.

Au courant de la journée, les esprits commenceront par s’échauffer après que dans   de Dakar, des heurts entre manifestants d’un côté et policiers et gendarmes de l’autre, sachant que des voitures L200 blanches, occupés par des éléments en tenue civile, qui rappelaient les cargaisons de nervis des événements du mois de mars 2021, étaient aussi de la partie. Sur la VDN (Voie de dégagement Nord), à Colobane, aux HLM, à la Sicap, à Castors, aux Parcelles assainies… des barricades ont été érigés, des pneus furent brulés. Aux grenades lacrymogènes, les manifestants répondaient par des jets de pierre. Si une réelle intifada a eu lieu à Dakar, avec malheureusement un mort, suite à l’incendie provoquée par une grenade lancée sur un magasin de matelas en mousse, occupé par un handicapé moteur, à Ziguinchor et à Bignona au Sud, les forces de police et gendarme ont usé de balles réelles. Idrissa Goudiaby, chauffeur de taxi a reçu une balle réelle, à Ziguinchor. Plus paradoxale a été la mort d’Abdoulaye Diatta qui se trouvait au siège du parti PASTEF à Bignona- une ville où il n’y avait même pas de manifestations.

Dès que l’information des 3 morts a été diffusée, à travers les réseaux, les affrontements ont redoublé d’intensités, les arrestations aussi. Des figures de proue des partis de l’opposition tout comme de simples manifestants furent appréhendées, souvent avec brutalité, et retenues en garde à vue.

Un bras de fer annoncé

Les leaders de l’inter-coalition Yewwi Askan Wi- Wallu, qui reprochent à Macky Sall et ses alliés une justice inique qui approuvent leurs forfaitures, avec des juges et magistrats, en violation des lois et de la constitution, une certaine presse, aux ordres et qui refuse d’informer… exigent la libération des 200 otages et réparation pour les 3 victimes qui viennent s’ajouter aux 14 martyrs de mars 2021.

Pour la date du 29 juin, Ousmane Sonko a soutenu que rien ni personne ne pourra l’empêcher de manifester pour défendre un droit de liberté inaliénable, garantit par la Constitution. Il tance le pouvoir, signifiant au Président Macky Sall de l’arrêter alors ou d’attenter sa vie.

Constitution du Sénégal, Article 8

Article 8 de la Constitution de la République du Sénégal garantit à tous les citoyens les libertés individuelles fondamentales, les droits économiques et sociaux ainsi que les droits collectifs. Ces libertés et droits sont notamment : les libertés civiles et politiques ( liberté d’opinion, liberté d’expression, liberté de la presse, liberté d’association, liberté de réunion, liberté de déplacement, liberté de manifestation), les libertés culturelles, les libertés religieuses, les libertés philosophiques, les libertés syndicales, la liberté d’entreprendre, le droit à l’éducation, le droit de savoir lire et écrire, le droit de propriété, le droit au travail, le droit à la santé, le droit à un environnement sain, le droit à l‘information plurielle. Ces libertés et ces droits s’exercent dans les conditions, prévues par la loi.

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